Texte révisé suivi de repères chronologiques.
« Si nous nous servons ici du mot « ressentiment », ce n´est pas par prédilection pour la langue française, mais parce que l´allemand n´en offre pas d´équivalent. Aussi Nietzsche lui a-t-il donné droit de cité dans un sens technique.
Dans son acception courante, en français, je découvre deux aspects : d´une part, l´expérience et la rumination d´une certaine réaction affective dirigée contre un autre » qui donnent à ce sentiment de gagner en profondeur et de pénétrer peu à peu au cÅur même de la personne, tout en abandonnant le terrain de l´expression et de l´activité. Cette rumination, cette reviviscence continuelle du sentiment, est donc très différente du pur souvenir intellectuel de ce sentiment et des circonstances qui l´ont fait naître. C´est une reviviscence de l´émotion même, un re-sentiment.
En second lieu, le mot suggère aussi tout un aspect de négation et d´animosité».
Max Scheler.